Un carnet de voyage personnel ne se résume pas à un cahier de notes glissé dans un sac à dos. C’est un objet intime, presque un prolongement de la mémoire, qui permet de fixer les émotions, les paysages et les rencontres avec une profondeur que la photo ne capture pas toujours. Dans un contexte où 85 % des voyageurs utilisent leur smartphone pour documenter leurs séjours, un journal manuscrit offre une expérience plus lente, plus incarnée, presque méditative. Page après page, vous construisez un véritable récit de terrain, entre journal intime, carnet d’exploration et laboratoire créatif, capable de transformer un simple trajet en métro en micro-aventure et un tour du monde en livre de vie.
Définir son carnet de voyage personnel : objet intime, documentaire de terrain et support narratif
Un carnet de voyage personnel est d’abord un espace privé. Même si certaines pages finiront peut-être sur un blog ou un compte Instagram, la fonction première reste l’adresse à soi-même. C’est ce qui le distingue d’un simple album de vacances ou d’un guide touristique. Là où un album aligne des images, le carnet de voyage organise des fragments de vie : phrases, croquis, billets de musée, feuilles séchées, cartes de métro, réflexions nocturnes. Chaque élément devient un indice sensoriel qui vous permettra de revivre le moment plusieurs années plus tard.
Ce support joue aussi le rôle de documentaire de terrain. À la manière d’un ethnologue, vous pouvez y collecter des détails du quotidien : prix, horaires, habitudes locales, expressions entendues dans la rue. Certains carnets, comme le Carnet de Voyage Intime – Aventura Éditions, sont conçus spécifiquement pour cette pratique de terrain, avec un papier épais, une couverture rigide et des pages adaptées au collage et au dessin. Un tel carnet hybride, entre outil d’enquête et journal de bord, devient un outil précieux si vous préparez ensuite un livre, un blog de voyage ou même un projet artistique plus ambitieux.
Enfin, le carnet de voyage agit comme un véritable support narratif. Vous y développez un fil, un ton, un point de vue. Chaque étape devient un « chapitre », chaque imprévu un rebondissement. L’enjeu n’est pas de tout raconter, mais de construire une histoire cohérente : votre aventure, vue de l’intérieur. Cette dimension narrative est d’ailleurs de plus en plus valorisée dans les festivals dédiés au carnet de voyage et dans l’édition, où le journal manuscrit est considéré comme un matériau brut de grande valeur.
Choisir le support matériel : carnet moleskine, midori traveler’s notebook, papier aquarelle et reliure artisanale
Choisir le bon support matériel est déterminant pour que votre carnet de voyage personnel reste un allié, et non une contrainte. Un format trop grand sera abandonné en route, un papier trop fin se déchirera sous la colle ou l’aquarelle. L’objectif est de trouver le juste équilibre entre portabilité, confort d’écriture et durabilité. Des marques comme Moleskine, Leuchtturm1917, Midori Traveler’s Notebook ou les carnets d’éditeur comme Aventura combinent souvent ces critères : format compact, couverture solide, papier polyvalent, éventuelle pochette intérieure. Un carnet bien choisi augmente nettement la probabilité que vous le remplissiez jusqu’à la dernière page.
Format et grammage du papier : écriture, dessin, aquarelle, collage (canson 200 g, clairefontaine, leuchtturm1917)
Le format influence directement votre façon de raconter. Un A6 tient dans une poche et se prête aux notes furtives, mais limite les collages et les croquis détaillés. Un A5, souvent considéré comme le meilleur compromis, offre assez d’espace pour combiner texte, dessins et tickets sans être encombrant. Pour un carnet de voyage créatif avec aquarelle et collage, un format proche de l’A5 est généralement idéal.
Le grammage du papier est tout aussi crucial. Pour une simple écriture au stylo bille, 80 g/m² suffisent. En revanche, pour un carnet de voyage mixte (écriture + dessin + collage), un papier entre 100 et 120 g/m² permet de limiter le gondolement et le transfert d’encre. Pour l’aquarelle ou les lavis, un papier type Canson 200 g ou 300 g/m², ou certains blocs aquarelle Clairefontaine, sera plus adapté. De nombreux modèles Leuchtturm1917 haut de gamme proposent aujourd’hui un papier suffisamment épais pour accepter feutres fins et collage léger sans traverser.
Une approche souvent efficace consiste à combiner les supports : un carnet principal pour l’écriture, et un mini carnet aquarelle dédié aux paysages. Les deux récits se répondent, l’un privilégiant le texte, l’autre l’image, tout en allégeant le poids dans le sac.
Types de reliure et durabilité : reliure cousue, spirale, refill midori, carnets rechargeables en cuir
La reliure conditionne la durabilité de votre carnet de voyage personnel. Une reliure cousue, comme sur la plupart des Moleskine ou carnets d’éditeurs, ouvre bien à plat et résiste mieux aux manipulations répétées, surtout si vous collez beaucoup d’éléments. La spirale, elle, facilite le dessin sur le vif et permet de plier complètement le carnet, mais peut s’accrocher dans un sac et s’user plus vite sur un long périple.
Les systèmes rechargeables, comme le Midori Traveler’s Notebook ou les carnets en cuir artisanaux avec élastiques internes, offrent une autre logique : la couverture devient un écrin durable, et vous changez simplement les refill internes. Cette approche est intéressante si vous multipliez les voyages ou si vous tenez un carnet continu (par exemple un journal de micro-aventures de quartier et de grands départs). Le cuir patiné garde la mémoire des années, tandis que les inserts se rangent ensuite dans une boîte d’archives.
Une astuce technique consiste à prévoir un peu de marge : si vous collez beaucoup, le carnet gonflera. Privilégier une reliure solide, avec un dos suffisamment souple, évite que les pages ne se décollent au bout de quelques mois de manipulation.
Matériel d’écriture et d’esquisse : stylos plume, encre waterproof, rotring, feutres pigmentés, crayons aquarellables
Le matériel d’écriture influence la qualité de votre carnet, mais aussi le plaisir que vous prenez à le remplir. Un stylo plume à encre fluide transforme la séance d’écriture en rituel. Pour un carnet de voyage nomade, une encre waterproof (résistante à l’eau) reste fortement recommandée, surtout si vous utilisez l’aquarelle par-dessus vos traits. Sinon, les lignes risquent de baver.
Pour le dessin, les feutres pigmentés type Rotring ou Micron (0,1 à 0,5 mm) offrent une excellente précision et un rendu professionnel. Les crayons aquarellables permettent de colorer légèrement vos croquis sans emporter une grande palette. Beaucoup de carnettistes urbains travaillent avec un kit minimaliste : un feutre fin noir, un petit pinceau à réservoir d’eau, trois ou quatre demi-godets d’aquarelle et un crayon de papier.
Deux chiffres intéressants pour guider vos choix : selon des enquêtes menées auprès de communautés d’urban sketchers, plus de 70 % utilisent une encre noire permanente et un stylo à pointe fine, et près de 60 % travaillent avec une palette de moins de 12 couleurs. Autrement dit, la simplicité du matériel favorise la régularité de la pratique.
Accessoires techniques nomades : pochettes étanches, élastiques, washi tape, pochettes zip pour billets et tickets
Un carnet de voyage personnel bien pensé s’accompagne souvent de quelques accessoires nomades. Une pochette étanche, même simple, protège vos carnets de la pluie ou du sable. Des élastiques supplémentaires permettent de maintenir feuilletons, cartes ou brochures en attente de collage. Le washi tape, ce ruban adhésif décoratif repositionnable, est parfait pour fixer rapidement tickets de métro, cartes d’embarquement ou étiquettes de vin, tout en apportant une touche graphique.
Une petite pochette zip glissée dans la couverture (ou intégrée, comme sur certains carnets d’éditeur) devient rapidement un trésor de route : billets de musée, cartes de visite, timbres locaux, petits polaroids. Ces fragments physiques complètent le récit écrit et donnent au carnet une dimension presque tactile. Sur un voyage long, ce « réservoir de souvenirs » vous aidera aussi à combler des pages au retour, quand le temps de tri et de collage se présentera.
Structurer le récit de voyage : architecture narrative et scénarisation du parcours
Un carnet de voyage personnel gagne en force lorsqu’il est pensé comme une histoire, avec un début, des tensions, des surprises, puis un retour. Cette architecture narrative ne vise pas seulement une future publication ; elle aide surtout à donner du sens à ce que vous vivez. Structurer votre journal comme un récit permet de relier entre eux des moments dispersés, et de transformer un planning d’étapes en aventure intérieure. Plus le voyage est long ou complexe (tour du monde, année sabbatique, Interrail), plus cette organisation narrative devient utile.
Construction d’une timeline : avant, pendant, après le voyage (préparation, immersion, rétrospective)
Une première manière de structurer un carnet de voyage consiste à l’organiser selon une timeline en trois temps : avant, pendant, après. La phase de préparation peut inclure cartes, envies, listes, motivations, peurs. Elle donne un contexte précieux à la suite. Pendant le voyage, vous entrez dans la matière vive : journées, rencontres, aléas. Enfin, la rétrospective, écrite quelques jours ou semaines après le retour, permet de relire l’expérience avec recul.
Ce découpage temporel fonctionne particulièrement bien pour un carnet de voyage personnel introspectif. Avant le départ, vous pouvez par exemple écrire : « Qu’attendez-vous réellement de ce voyage de trois mois en Asie ? » ou « De quoi fuyez-vous, de quoi avez-vous besoin ? ». Au retour, les mêmes questions, posées à nouveau, révèlent les transformations opérées. Cette approche en timeline transforme un séjour en véritable processus de changement.
Découpage en séquences géographiques : étapes par villes et régions (lisbonne, kyoto, chiang mai, fjords norvégiens)
Un autre axe de structuration consiste à découper le carnet par séquences géographiques : un onglet ou une section par grande étape. Lisbonne, Kyoto, Chiang Mai, Fjords norvégiens deviennent des chapitres autonomes, chacun avec sa couleur, son ambiance, ses personnages. Cette organisation fonctionne très bien pour les récits de road trip, de tour d’Islande en van ou de voyage Interrail en Europe centrale, où les changements de décor sont fréquents.
Ce découpage facilite aussi la consultation ultérieure. Des années plus tard, vous retrouverez rapidement la double-page dédiée au quartier de l’Alfama, à Gion au crépuscule ou à un ferry dans les fjords. De plus, cette structure par zones permet d’équilibrer le récit : une ville parfois moins spectaculaire peut devenir passionnante à raconter si vous vous concentrez sur ses détails sensoriels et humains.
Utilisation de canevas narratifs : schéma actanciel, arc dramatique, récit en première personne
Pour un carnet de voyage personnel très narratif, les canevas d’écriture littéraire sont d’une grande aide. L’arc dramatique classique (situation initiale, élément déclencheur, péripéties, climax, résolution) peut se transposer à un voyage : un imprévu à l’aéroport, une nuit perdue dans une gare, une rencontre décisive en auberge de jeunesse. Se demander : « où est le tournant de ce périple ? » aide à identifier les scènes fortes à détailler.
Le schéma actanciel (héros, adjuvants, opposants, objet de quête) fonctionne aussi très bien. Vous devenez le protagoniste, soutenu par certains personnages (hôtes, amis, inconnus), freiné par d’autres (administration, météo, fatigue), en quête de quelque chose : repos, inspiration, guérison, découverte. Raconter en je, dans un récit en première personne, renforce encore l’intensité intime et permet d’assumer des émotions contradictoires.
Penser son carnet de voyage comme un récit d’aventure intérieure permet de donner une cohérence profonde à des événements en apparence dispersés.
Intégration de cartes et itinéraires : croquis cartographiques, tracés GPS, plans de métro (tokyo, paris, new york)
Les cartes et itinéraires jouent un rôle clé dans la scénarisation du parcours. Une simple esquisse de quartier, même approximative, suffit à ancrer un souvenir : l’itinéraire entre votre guesthouse de Chiang Mai et le marché de nuit, la ligne de métro à Tokyo entre Shinjuku et Asakusa, ou encore une portion de la ligne 12 à Paris annotée des odeurs, bruits et rencontres.
Certains voyageurs impriment leurs tracés GPS (via des outils de type Google Maps Timeline) pour les coller ensuite à côté de leurs notes. D’autres préfèrent dessiner à main levée, ce qui renforce l’engagement sensoriel. Les plans de métro de New York, Tokyo ou Paris, récupérés sur place, peuvent devenir de véritables supports de récit : surligner en couleur les stations marquantes, noter une anecdote à côté du nom de chaque arrêt, crée une cartographie émotionnelle très puissante.
Techniques d’écriture intime : journal introspectif, prise de notes sensorielle et écriture automatique
L’écriture intime est le cœur d’un carnet de voyage personnel. Sans elle, le support reste un simple scrapbook visuel. Travailler quelques techniques d’écriture – introspective, sensorielle, automatique – permet de dépasser le simple journal factuel (« levé 8h, visite du musée, restaurant… ») pour aller vers un récit de sensations, de questionnements, de prises de conscience. Ces approches, largement utilisées en journal thérapeutique et en life crafting, se prêtent parfaitement au contexte du voyage, où les repères habituels sont bousculés.
Protocoles de prise de notes in situ : captures à chaud sur place, mots-clés, time-stamping quotidien
Sur le terrain, le temps manque souvent pour écrire de longues pages. Un protocole simple et régulier augmente vos chances de garder une trace fidèle. Une méthode efficace consiste à pratiquer des captures à chaud : quelques lignes prises sur le moment, au café, dans un bus, sur un banc. Noter l’heure et le lieu (le time-stamping) ajoute un contexte précieux : « 08h17, ferry pour Nusa Penida – vent très salé, ciel laiteux ».
Les mots-clés sont aussi de puissants déclencheurs de mémoire. En fin de journée, une liste rapide du type « pluie / odeur mangue / accent chauffeur / chien au port / fatigue + joie » suffira, au retour, pour reconstituer une scène complète. Sur le plan statistique, les études sur la mémoire autobiographique montrent qu’un simple mot bien choisi peut réactiver jusqu’à 70 % de la richesse d’un souvenir initial.
Écriture sensorielle avancée : décrire odeurs, textures, ambiance sonore (souks de marrakech, marchés de bangkok)
L’écriture sensorielle consiste à mobiliser les cinq sens dans vos descriptions. Plutôt que d’écrire « marché incroyable », vous pouvez détailler les odeurs d’épices dans les souks de Marrakech, la moiteur des marchés de Bangkok, le bruit des scooters, la texture collante d’un mango sticky rice. Cette approche transforme une description générale en scène vivante.
Un exercice utile consiste à choisir un lieu par jour et à le décrire sans mentionner son nom, uniquement par sensations : bruits, lumières, couleurs, température, matières sous les doigts. Quelqu’un pourrait-il deviner qu’il s’agit d’une ruelle de Montmartre ou d’un temple à Kyoto en vous lisant ? Ce travail, proche de celui des écrivains-voyageurs, entraîne le regard et affine la mémoire.
Exercices d’introspection guidée : bilans journaliers, questions à soi-même, journal des émotions
Le voyage, surtout lorsqu’il intègre une dimension de slow travel ou de retraite, offre un contexte idéal pour le journal intime de voyage. Insérer chaque soir un bref bilan émotionnel dans votre carnet de voyage personnel vous aide à comprendre ce que le séjour fait bouger en vous. Une structure possible : trois gratitudes du jour, un moment difficile, une prise de conscience.
Vous pouvez aussi travailler avec des questions récurrentes, notées au début du carnet : « Qu’est-ce qui m’a émerveillé aujourd’hui ? », « De quoi ai-je eu peur ? », « Qu’est-ce que ce pays révèle de mes habitudes ? ». Répondre à ces mêmes questions pendant un Camino de Santiago ou un road trip en van en Islande crée une trame introspective qui complète le récit factuel. Sur plusieurs semaines, ce journal des émotions construit une véritable cartographie intérieure.
Utilisation de l’écriture automatique et du freewriting pour dépasser l’auto-censure
L’écriture automatique, ou freewriting, consiste à écrire sans s’arrêter pendant un temps donné (par exemple 10 minutes), sans se relire ni corriger. Cette technique permet de contourner le jugement intérieur et de faire émerger des pensées plus brutes, plus sincères. Dans un carnet de voyage personnel, elle aide à traiter les moments d’inconfort, de solitude, de colère, souvent édulcorés dans les récits plus « présentables ».
Un bon moment pour pratiquer le freewriting est le lendemain d’un événement marquant : une rencontre forte, une peur, une dispute, un émerveillement. Poser un minuteur et laisser la main courir révèle souvent des choses inattendues sur votre rapport au voyage, à la liberté, au retour. Beaucoup de personnes qui tiennent un journal sur plusieurs années constatent que ces pages brutes deviennent, avec le recul, les plus précieuses, car elles témoignent de l’authenticité du vécu.
Illustrer son carnet : croquis, aquarelles urbaines et collage documentaire
L’illustration donne une dimension supplémentaire au carnet de voyage personnel. Même un simple croquis maladroit possède une charge émotionnelle forte, parce qu’il est le résultat direct d’un temps de présence. Contrairement aux photos, souvent prises à la volée, dessiner ou peindre oblige à ralentir, à observer attentivement la lumière, les volumes, les gens. La pratique du urban sketching connaît d’ailleurs une croissance constante depuis une dizaine d’années, avec des symposiums internationaux réunissant plusieurs milliers de participants, preuve de l’engouement pour cette approche graphique du voyage.
Urban sketching sur le vif : croquer la sagrada família, le pont charles, les ruelles de montmartre
L’urban sketching consiste à dessiner sur le vif, sur place, ce que vous avez devant les yeux : façades, places, cafés, scènes de rue. Croquer la Sagrada Família depuis un banc, le Pont Charles à Prague au lever du jour, ou les ruelles de Montmartre un dimanche matin, donne à votre carnet de voyage une profondeur impossible à obtenir uniquement avec des images numériques.
Pas besoin d’être illustrateur confirmé. La plupart des carnettistes conseillent de commencer par des formes simples et de ne pas chercher la perfection : silhouettes, lignes principales, contrastes forts. Une double-page avec, d’un côté, un petit croquis de rue, et de l’autre, quelques lignes de texte sensoriel, crée une alchimie très efficace entre image et mots. À force de pratique, le trait se libère, et votre style graphique personnel émerge.
Mini aquarelles de paysage : plages de railay, dolomites, rizières de banaue, désert d’atacama
Les mini aquarelles de paysage sont parfaitement adaptées au carnet de voyage personnel. Elles prennent peu de place, sèchent vite et restituent admirablement les ambiances de lumière. Une plage de Railay au crépuscule, les Dolomites au soleil rasant, les rizières de Banaue noyées de brume ou une étendue du désert d’Atacama sous un ciel violet trouvent dans l’aquarelle un médium naturel.
Techniquement, un pinceau à réservoir d’eau, une mini palette et un papier d’au moins 200 g/m² suffisent. Une astuce consiste à préparer à l’avance quelques cadres au crayon léger dans le carnet, pour y insérer les aquarelles au fil du voyage. Cette « pré-maquette » rassure et incite à remplir les espaces, même lorsque le temps ou l’énergie manquent.
Collage d’éléments physiques : tickets de métro, cartes d’embarquement, étiquettes de vin, cartes postales
Le collage documentaire fait du carnet une sorte de musée de poche. Tickets de métro, cartes d’embarquement, étiquettes de vin, cartes postales, coupures de journaux locaux, emballages typiques : chaque fragment collé devient un marqueur temporel et culturel. Cette technique est particulièrement intéressante pour les voyageurs qui se sentent moins à l’aise avec le dessin, car elle permet d’obtenir un rendu visuel riche sans nécessiter de compétences graphiques avancées.
Pour structurer ce matériau, vous pouvez composer de temps à autre une double-page thématique : « transports », « nourritures », « langues et alphabets », etc. Une page réunissant plusieurs tickets de trains européens, par exemple, avec des légendes manuscrites, forme un récit visuel très évocateur d’un voyage Interrail. Le washi tape et les tampons encreurs miniatures apportent une touche graphique supplémentaire, proche du scrapbooking mais au service du récit.
Intégration de photos instantanées : polaroid, fujifilm instax, impressions smartphone format mini
Les photos instantanées, type Polaroid ou Fujifilm Instax, trouvent naturellement leur place dans un carnet de voyage personnel. Leur format physique et leur rendu légèrement imparfait s’accordent bien avec l’esthétique manuscrite. Coller une Instax d’un bivouac dans les fjords norvégiens à côté d’un court texte renforce l’effet de présence.
Pour les amateurs de smartphone, des services d’impression mini-format permettent de transformer facilement vos clichés numériques en petites vignettes à coller. Une stratégie intéressante consiste à réserver les photos collées à des moments vraiment singuliers, en privilégiant le texte et le dessin pour le reste. Ainsi, chaque image instantanée garde une valeur forte et ne se perd pas dans une accumulation d’illustrations.
Exploiter le numérique sans perdre l’intimité : hybridation carnet papier, applications et données géolocalisées
À l’heure des réseaux sociaux, tenir un carnet de voyage personnel ne signifie pas renoncer au numérique. Au contraire, l’hybridation papier/applications offre un écosystème très riche : l’analogique préserve l’intimité et la profondeur, le digital facilite le suivi de l’itinéraire, la sauvegarde et, si vous le souhaitez, le partage. La clé consiste à garder le carnet papier comme centre de gravité émotionnel, et à utiliser le numérique comme un ensemble de couches supplémentaires : cartes, statistiques, multimédia.
Synchronisation avec des apps de voyage : polarsteps, TripIt, google maps timeline
Certaines applications de voyage comme Polarsteps, TripIt ou Google Maps Timeline enregistrent automatiquement vos déplacements, vos vols, vos trajets. Ces données, parfois précises à la minute, deviennent très utiles lorsqu’il s’agit de reconstruire un séjour ou de vérifier des distances et durées pour enrichir votre carnet manuscrit. Un relevé statistique indiquant, par exemple, que vous avez parcouru 2 400 km en train sur un mois en Asie, ou gravi 35 000 mètres de dénivelé sur un tour d’Islande en van, donnera de l’épaisseur à votre récit.
Une pratique efficace consiste à noter dans le carnet les moments clefs, puis à revenir au retour aux traces numériques pour compléter les détails techniques. Ce dialogue entre le temps vécu et le temps mesuré évite que le journal ne devienne uniquement un relevé de chiffres, tout en satisfaisant le besoin de précision souvent recherché dans un travel journal contemporain.
QR codes et liens vers contenus multimédias : playlists spotify, vidéos YouTube, albums google photos
L’intégration de QR codes est une manière astucieuse de relier un carnet de voyage papier à des contenus en ligne. En quelques clics, il est possible de générer un code menant vers une playlist Spotify écoutée pendant un road trip, une vidéo YouTube filmée lors d’une plongée, ou un album Google Photos d’une randonnée dans les Dolomites. Collé dans un coin de page, ce petit carré graphique joue le rôle de porte dérobée vers une autre couche du récit.
Un carnet de voyage hybride agit comme une interface entre le tangible et le numérique, en mêlant traces physiques et archives en ligne au service d’un même récit intime.
Back-up numérique du carnet : scan haute résolution, OCR, archivage dans notion ou evernote
La question de la sauvegarde se pose forcément pour un carnet de voyage personnel. Perdre un cahier rempli pendant des mois peut être vécu comme une petite catastrophe. Scanner régulièrement vos pages (ou les photographier proprement) est une assurance simple. Un scan haute résolution permet même, grâce à l’OCR (reconnaissance optique de caractères), de transformer certains passages en texte éditable, importable dans Notion, Evernote ou un document d’édition.
Ce back-up numérique sert aussi de base à d’éventuels projets ultérieurs : livre auto-édité, article de blog, présentation photo pour les proches. Certaines personnes créent même un second « carnet » digital qui reprend les meilleures pages du journal original, mises en page avec des photos numériques supplémentaires. Le carnet manuscrit reste la source, le numérique devient une déclinaison.
Usage privé vs partage public : filtrage des pages intimes avant publication sur blog ou instagram
L’un des défis contemporains du carnet de voyage personnel tient à la frontière entre intime et public. Beaucoup de voyageurs souhaitent partager une partie de leurs expériences, tout en préservant ce qui relève du for intérieur. Une solution consiste à considérer le carnet comme un espace 100 % privé, et à créer un second flux destiné au partage (blog, newsletter, Instagram, livre photo). Les extraits publiés sont alors explicitement sélectionnés, parfois réécrits, et les pages les plus sensibles restent à l’abri des regards.
Un simple code visuel dans le carnet – par exemple un symbole discret en haut des pages « non partageables » – aide à filtrer rapidement. Cette distinction claire permet de profiter pleinement de la liberté du journal intime, tout en tirant parti de la puissance de diffusion offerte par le numérique, sans avoir à renoncer à l’authenticité de votre voix intérieure.
Exemples de carnets de voyage personnels emblématiques et inspirations créatives
S’inspirer d’exemples existants aide à construire son propre carnet de voyage personnel sans tomber dans l’imitation. Les journaux d’explorateurs, les cahiers d’écrivains-voyageurs, mais aussi les productions contemporaines visibles dans les festivals ou les expositions montrent la diversité des approches possibles. Certains carnets sont presque exclusivement textuels, d’autres saturés de couleur et de collages. Entre les deux, une infinité de combinaisons permet à chacun de trouver un style graphique et narratif cohérent avec sa sensibilité.
Les carnets d’explorateurs et écrivains-voyageurs : nicolas bouvier, alexandra David-Néel, bruce chatwin
Les grands écrivains-voyageurs ont presque tous tenu des carnets de route avant d’en tirer leurs livres. Les journaux de Nicolas Bouvier, par exemple, mêlaient observations quotidiennes, réflexions philosophiques et listes très concrètes. Alexandra David-Néel, lors de ses explorations au Tibet, consignait soigneusement itinéraires, dialogues, descriptions de rituels. Bruce Chatwin remplissait des Moleskine de notes, croquis, citations, avant de les tisser dans ses récits.
Ces carnets, parfois publiés partiellement, montrent que la matière brute d’un voyage ne ressemble pas à un texte final policé. Ratures, contradictions, détails matériels abondent. S’y plonger permet de déculpabiliser face à ses propres pages imparfaites et d’accepter que le carnet soit un atelier vivant, pas un produit fini.
Les travel journals illustrés contemporains : carnets de julien gracq, carnettistes du rendez-vous du carnet de voyage de Clermont-Ferrand
Du côté graphique, les carnets illustrés contemporains, visibles notamment au Rendez-vous du Carnet de Voyage de Clermont-Ferrand, offrent une formidable source d’inspiration. On y découvre des journaux de bord où aquarelles, typographies manuscrites, collages et cartes cohabitent. Certains auteurs reprennent la tradition des carnets de Julien Gracq ou d’autres écrivains dessinateurs, en mêlant texte poétique et paysages minimalistes.
Les tendances récentes montrent un intérêt croissant pour les formats hybrides : reportage dessiné, carnet de voyage écologique, journaux de micro-aventures locales. Cette diversité confirme qu’il n’existe pas de norme : votre carnet peut se rapprocher du carnet scientifique, du journal de poésie, du sketchbook urbain ou du fanzine expérimental, tout en restant un authentique carnet de voyage personnel.
Études de cas thématiques : tour d’islande en van, camino de santiago, interrail en europe centrale
Quelques études de cas concrets permettent d’imaginer différentes architectures de carnet. Pour un tour d’Islande en van, par exemple, un carnet orienté cartes, météo, états de route, croquis de falaises et de cascades sera pertinent. Les statistiques de kilomètres quotidiens, de nuits en bivouac et de températures ressenties compléteront le récit.
Sur un Camino de Santiago, la structure peut être plus introspective et répétitive : une page par jour avec distance parcourue, étape, rencontres, phrase marquante, douleur du jour, gratitude du soir. L’aspect quasi rituel du chemin se reflète alors dans la mise en page. Pour un voyage Interrail en Europe centrale, un focus sur les trains (horaires, types de wagons, gares), les langues entendues et les différences culturelles entre pays donnera une tonalité documentaire forte à votre journal.
Construire son propre style graphique et narratif à partir de modèles existants
Face à cette diversité, la question centrale devient : comment construire votre propre style de carnet de voyage personnel ? Une approche pragmatique consiste à observer ce qui vous attire dans les carnets des autres : est-ce la densité du texte, la finesse du dessin, l’abondance de collages, la sobriété graphique ? À partir de là, vous pouvez composer un « kit de style » minimal – deux ou trois typographies manuscrites, un nuancier réduit de couleurs, une structure de page récurrente.
| Élément de style | Option A (textuelle) | Option B (graphique) |
|---|---|---|
| Mise en page | Colonnes de texte, rares images | Blocs d’images, texte bref |
| Palette de couleurs | Noir + 1 couleur d’accent | Palette aquarelle variée |
| Rythme des pages | Écriture quotidienne | Pages-clés très travaillées |
| Matériel principal | Stylo plume, encre noire | Feutres fins, aquarelle |
Ce tableau ne vise pas à enfermer votre pratique, mais à vous aider à clarifier quelques choix de base. Au fil des voyages, votre style évoluera naturellement, comme évoluent la façon de photographier ou de raconter à voix haute. L’essentiel reste que ce style reste au service de ce que vous avez réellement envie de dire, de ressentir et de transmettre, à vous-même d’abord, puis éventuellement aux autres.