Des forêts subtropicales du Yunnan aux paysages himalayens du Tibet, la Chine offre une concentration exceptionnelle de sites naturels parmi les plus spectaculaires au monde. Pour un voyageur, un photographe ou un passionné de géographie, explorer ces reliefs est l’occasion de passer d’un désert froid à un lac turquoise d’altitude en quelques heures de vol. Cette diversité s’explique autant par l’étendue du territoire que par une histoire géologique d’une rare complexité. Comprendre ces parcs nationaux, massifs de haute altitude, formations karstiques ou déserts sculptés par le vent permet de mieux préparer votre itinéraire, d’ajuster votre équipement et de limiter votre impact sur des milieux souvent fragiles. Vous découvrirez comment profiter pleinement de ces décors grandioses, tout en respectant les écosystèmes qui les rendent uniques.
Parcs nationaux emblématiques de chine : zhangjiajie, jiuzhaigou, huangshan et autres réserves classées
Paysages karstiques verticaux de zhangjiajie : piliers de grès quartzite, passerelle de verre et parc forestier national
Le parc forestier national de Zhangjiajie, dans le Hunan, est l’un des paysages les plus iconiques de Chine. Des milliers de piliers de grès quartzite jaillissent d’une forêt dense, certains dépassant 200 mètres de hauteur. Ces colonnes ont été sculptées par l’érosion durant des millions d’années, sous l’action combinée de l’eau, du gel et du vent. Le résultat rappelle des gratte-ciel naturels, théâtre idéal pour une randonnée immersive. La fameuse montagne « Hallelujah » qui a inspiré le film Avatar illustre à quel point ce relief karstique vertical semble tout droit sorti de la science-fiction.
Pour vous, la question principale est souvent pratique : comment profiter de ce décor tout en évitant la foule et en garantissant votre sécurité ? Les autorités ont misé sur une infrastructure impressionnante : téléphériques, bus internes, passerelles panoramiques, mais aussi le célèbre pont de verre suspendu à plus de 300 mètres au-dessus d’un canyon. La densité de visiteurs peut dépasser 20 000 personnes/jour en haute saison, d’où l’intérêt de privilégier tôt le matin ou l’hiver, lorsque la brume enveloppe les pics et transforme le site en véritable mer de nuages.
Hydrologie et lacs multicolores de la vallée de jiuzhaigou (sichuan) : chutes de nuorilang et bassins de wuhua hai
La vallée de Jiuzhaigou, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, est célèbre pour ses lacs multicolores, ses forêts mixtes et ses villages tibétains. Les lacs comme Wuhua Hai (le lac aux Cinq Fleurs) tirent leurs teintes turquoise, émeraude ou bleu profond de la combinaison entre une forte teneur en carbonate de calcium, des algues spécifiques et des troncs fossilisés visibles sous une eau d’une transparence extrême. Des études locales indiquent une visibilité atteignant parfois plus de 10 mètres sous la surface, un record pour ce type de milieu alpin tempéré.
Les chutes de Nuorilang, larges d’environ 270 mètres, sont spectaculaires surtout au printemps lors de la fonte nivale. Un réseau de passerelles en bois permet de longer ces cascades sans piétiner la végétation riveraine. Pour optimiser votre visite, l’idéal est de combiner les bus écologiques officiels avec des tronçons à pied : cette stratégie limite la fatigue à plus de 2 000 m d’altitude, tout en vous laissant le temps d’observer les contrastes saisonniers. En automne, la forêt se couvre de teintes rouges et dorées qui se reflètent dans les lacs, créant l’un des paysages les plus photogéniques de Chine.
Géomorphologie granitique du massif de huangshan (anhui) : pins accrochés, mers de nuages et sentiers en corniche
Le massif granitique de Huangshan, ou « Montagnes Jaunes », est un laboratoire grandeur nature pour comprendre l’érosion sur roche dure. Pics aiguisés, parois polies et pitons isolés résultent d’une combinaison de fracturation tectonique et d’altération chimique. Les célèbres pins de Huangshan semblent littéralement soudés à la roche, s’accrochant dans des fissures à des emplacements improbables. Ce contraste entre minéral abrupt et végétation tortueuse a façonné durant des siècles l’esthétique des paysages en peinture traditionnelle chinoise.
Pour le voyageur, Huangshan est aussi synonyme de « mer de nuages ». Des inversions de température fréquentes emprisonnent la brume dans les vallées, laissant seulement émerger les sommets. Monter avant l’aube par les escaliers en corniche – parfois plus de 1 000 marches d’affilée – permet d’assister au lever de soleil sur cet océan de brume. Deux téléphériques principaux rendent le site plus accessible, mais un minimum de condition physique reste nécessaire, surtout si vous envisagez de parcourir plusieurs crêtes dans une même journée.
Plateau tibétain et parc national de pudacuo (yunnan) : zones humides alpines, biodiversité endémique et lacs glaciaires
À proximité de Shangri-La, le parc national de Pudacuo représente un condensé de plateau tibétain accessible sans se rendre jusqu’à Lhassa. Situé entre 3 500 et 4 100 m d’altitude, il abrite des lacs glaciaires comme Bita Hai, entourés de pâturages, de forêts de conifères et de zones humides alpines. Plus de 20 % des plantes recensées dans la région sont endémiques, ce qui fait de Pudacuo un hotspot de biodiversité. Des relevés récents comptent plus de 160 espèces d’oiseaux, dont plusieurs menacées.
Pour vous, la principale contrainte est l’altitude. À plus de 3 500 m, le risque de mal aigu des montagnes devient réel. Marcher lentement, bien s’hydrater et prévoir au moins une nuit d’acclimatation à Shangri-La réduisent fortement ce risque. Les circuits imposés sur des passerelles en bois permettent de découvrir les zones humides sans dégrader les tourbières, particulièrement vulnérables au piétinement. Ce type d’infrastructure illustre une nouvelle génération de parcs nationaux chinois plus soucieux de limiter l’impact du tourisme de masse.
Gestion environnementale dans les parcs nationaux chinois : quotas de visiteurs, passerelles surélevées et monitoring de l’érosion
La Chine expérimente depuis quelques années un nouveau système national de parcs, avec des objectifs de protection plus rigoureux. Des quotas journaliers de visiteurs ont été mis en place à Jiuzhaigou, Zhangjiajie ou Pudacuo pour éviter les surcharges qui, dans certains cas, dépassaient 30 000 entrées/jour. L’utilisation de bus internes électriques ou hybrides réduit les émissions locales et limite les embouteillages sur des routes souvent étroites et sinueuses.
Sur le terrain, la gestion environnementale repose sur plusieurs outils concrets :
- Passerelles surélevées pour canaliser le trafic et préserver sols et racines
- Systèmes de
monitoring de l’érosionsur les sentiers les plus fréquentés - Zones de repos et de tri des déchets à intervalles réguliers
Ce modèle mixte, entre valorisation touristique et conservation, progresse encore. Certaines zones restent très aménagées, d’autres adoptent des pratiques plus proches des standards internationaux de protection. Pour vous, cela signifie une expérience généralement confortable, mais avec des contraintes d’horaires, de navettes obligatoires et de chemins balisés à respecter scrupuleusement.
Formations karstiques spectaculaires : guilin, yangshuo, grottes de reed flute et forêt de pierre de shilin
Relief karstique de guilin et yangshuo : pics calcaires, méandres de la rivière li et croisières panoramiques
Entre Guilin et Yangshuo, le paysage karstique est composé de centaines de pains de sucre calcaires se dressant au milieu des rizières et des méandres de la rivière Li. Ce décor, immortalisé sur les billets de 20 yuans, est l’un des plus célèbres de Chine. Ces collines se sont formées par dissolution du calcaire au fil de millions d’années, un processus typique du relief karstique. En surface, cela se traduit par des falaises abruptes, des dolines et des grottes profondes.
Une croisière sur la rivière Li, de Guilin à Yangshuo, dure en moyenne quatre heures et permet d’observer une succession de pics nommés de façon poétique, de villages traditionnels et de scènes rurales encore très vivantes. Pour une immersion plus intime, la région de Yangshuo se prête aussi très bien au vélo et au scooter électrique, avec de petites routes agricoles qui serpentent entre les collines. Les brumes matinales, surtout au printemps, confèrent à ce paysage un aspect presque irréel, idéal pour la photographie de paysage.
Spéléologie touristique à la grotte reed flute (ludi yan) : stalactites, stalagmites et éclairage scénographique
La grotte Reed Flute, ou Ludi Yan, près de Guilin, est un exemple de mise en valeur touristique d’un réseau karstique souterrain. Longue d’environ 240 mètres pour la partie ouverte au public, elle abrite des stalactites, stalagmites, draperies et colonnes calcaires formées par la précipitation lente de carbonate de calcium. L’éclairage scénographique, aux couleurs parfois vives, met en relief ces concrétions millimètre par millimètre, formées sur des dizaines de milliers d’années.
Certains voyageurs jugent cet éclairage trop artificiel, d’autres apprécient son côté théâtral. Pour profiter pleinement de la visite, mieux vaut se concentrer sur les formes géologiques elles-mêmes : colonnes monumentales, « rideaux » minéraux, bassins naturels. Comparée à des grottes plus sauvages, Reed Flute reste très accessible, avec des escaliers, des garde-corps et un parcours balisé. Elle convient donc aux familles, à condition de prévoir un vêtement léger : la température intérieure reste stable, autour de 18 °C, quelle que soit la saison.
Forêt de pierre de shilin (yunnan) : pinnacles calcaires, dolines et sentiers balisés dans le karst tropical
La forêt de pierre de Shilin, au Yunnan, représente une autre facette du karst chinois. Ici, le calcaire a été sculpté verticalement en lames et aiguilles pouvant atteindre 30 mètres de hauteur, donnant l’impression d’une forêt pétrifiée. Ces pinnacles sont séparés par des couloirs étroits, des dolines et de petites dépressions qui composent un véritable labyrinthe. Des travaux géologiques estiment l’âge de ces formations à plus de 270 millions d’années, ce qui en fait l’un des karsts tropicaux les plus anciens connus.
Les sentiers balisés de Shilin alternent entre points de vue panoramiques et passages confinés au ras de la roche. Pour une expérience moins fréquentée, les secteurs périphériques, un peu plus éloignés des groupes organisés, permettent de ressentir davantage l’échelle de ce paysage minéral. Prévoir de bonnes chaussures est essentiel : la roche karstique, très coupante, rend les glissades particulièrement désagréables. Un plan du site aide aussi à éviter de tourner en rond dans ce dédale naturel.
Toponymie et points de vue emblématiques : colline de la trompe d’éléphant, colline fubo et mont xianggong
À Guilin et Yangshuo, la toponymie est intimement liée à l’imaginaire local. La colline de la Trompe d’Éléphant doit son nom à une arche naturelle creusée par la rivière Li, donnant l’impression d’un éléphant venant boire. La colline Fubo, plus au nord, offre un belvédère sur la ville et sur les reliefs environnants, avec des grottes contenant des statues bouddhiques sculptées dans la paroi. Ces sites urbains complètent efficacement les excursions plus rurales autour de Yangshuo.
Le mont Xianggong, quant à lui, est devenu en quelques années un spot incontournable pour les photographes. Accessible par une montée d’environ 20–30 minutes, il permet d’embrasser du regard un large méandre de la rivière Li, cerclé de pics karstiques. Des statistiques informelles de guides locaux estiment que plus de 60 % des shootings professionnels de paysage dans la région se font aujourd’hui depuis ce sommet. Arriver au moins 45 minutes avant le lever de soleil offre le temps de s’installer et de choisir le bon premier plan.
Photographie de paysage et itinéraires techniques pour lever de soleil sur les karsts de yangshuo
Pour capturer un lever de soleil sur les karsts de Yangshuo, l’anticipation est essentielle. En été, l’humidité produit souvent une brume dense qui peut masquer les plus lointains reliefs. En hiver, l’air plus sec offre une meilleure visibilité, mais les températures au sommet peuvent être fraîches. Trois conseils pratiques reviennent constamment chez les photographes expérimentés :
- Arriver de nuit avec une lampe frontale afin de s’installer avant l’affluence
- Prévoir un trépied léger mais stable pour les poses longues en faible lumière
- Se munir d’une veste coupe-vent, les crêtes étant plus exposées qu’on ne l’imagine
Techniquement, l’usage d’un filtre gradué peut aider à gérer le contraste entre ciel lumineux et vallées sombres. Un objectif grand-angle permet d’englober plusieurs couches de collines, accentuant l’effet de profondeur. L’angle de vue depuis des points comme Xianggong ou Cuiping Shan illustre parfaitement pourquoi ces paysages karstiques figurent parmi les sujets les plus recherchés pour la photographie de paysage en Chine.
Massifs de haute altitude et panoramas himalayens : mont everest, chaîne du nyainqêntanglha et montagnes sacrées
Accès au camp de base de l’everest côté tibet : itinéraires routiers, permis et contraintes d’altitude
Côté tibétain, l’accès au camp de base de l’Everest (environ 5 150 m) se fait principalement par la route depuis Lhassa ou Shigatsé, via la Friendship Highway. Contrairement au Népal, l’itinéraire ne nécessite pas de trekking long, mais les formalités sont plus complexes. Un permis du Tibet, complété par des autorisations spécifiques pour la région de l’Everest, est obligatoire, et le voyage se fait toujours accompagné d’un guide agréé. Les contrôles le long de la route sont fréquents, ce qui impose un planning précis.
La contrainte majeure reste l’altitude. Statistiquement, plus de 40 % des voyageurs non acclimatés ressentent des symptômes légers de mal des montagnes au-dessus de 3 500 m. D’où l’importance de prévoir une montée progressive avec des nuits intermédiaires à Lhassa (3 650 m) puis Shigatsé ou Tingri. Une fois au camp de base, le panorama sur la face nord de l’Everest et la chaîne himalayenne voisine justifie largement cet effort logistique. Les meilleures saisons restent le printemps (avril–mai) et l’automne (septembre–octobre), lorsque le ciel est généralement plus dégagé.
Paysages lacustres d’altitude : lac namtso, yamdrok tso et phénomènes de miroir sur les eaux glaciaires
Les grands lacs d’altitude du plateau tibétain produisent des paysages d’une pureté rare. Namtso, situé à plus de 4 700 m, est l’un des plus hauts lacs salés du monde. Ses eaux bleu cobalt contrastent avec les sommets enneigés de la chaîne du Nyainqêntanglha. Par temps calme, des phénomènes de miroir transforment la surface en véritable glace liquide reflétant montagnes et nuages. La transparence et la couleur de ces lacs sont liées à la faible présence de matière organique et à la minéralisation issue de l’érosion glaciaire.
Yamdrok Tso, plus au sud, présente une forme tentaculaire s’étirant entre les collines. Sa teinte turquoise change avec l’angle du soleil et la couverture nuageuse. Les points de vue au col de Kamba La, à plus de 4 700 m, offrent une vision d’ensemble spectaculaire sur le lac et les routes en lacets. Pour vous, la prudence est de mise : l’intensité du rayonnement UV à ces altitudes est jusqu’à 30 % plus élevée qu’au niveau de la mer. Lunettes de soleil à indice élevé, crème solaire et chapeau à large bord ne sont pas optionnels, même par temps frais.
Montagnes sacrées chinoises : emeishan, taishan, huashan et réseaux de sentiers à flanc de falaise
Les montagnes sacrées comme Emeishan (Sichuan), Taishan (Shandong) ou Huashan (Shaanxi) combinent intérêt paysager et dimension spirituelle. Emeishan, l’un des quatre monts bouddhiques sacrés, culmine à plus de 3 000 m et abrite dizaines de temples et monastères. Le sommet d’or offre une vue saisissante lorsque la mer de nuages laisse émerger les plus hauts pics, notamment au lever du soleil. La montée complète à pied peut nécessiter deux jours pour un marcheur moyen, avec plus de 50 000 marches cumulées.
Huashan est célèbre pour ses sentiers à flanc de falaise et ses passerelles de planches fixées sur la paroi, parfois qualifiées de « sentier le plus dangereux du monde ». En pratique, des lignes de vie, harnais et contrôles de sécurité stricts encadrent désormais ces tronçons. L’expérience reste réservée aux voyageurs sans vertige, mais le réseau de sentiers plus classiques et les téléphériques offrent aussi des options moins exposées. Taishan, quant à lui, est plus accessible et attire chaque année des millions de pèlerins, ce qui en fait un lieu privilégié pour observer les pratiques religieuses populaires en Chine.
Observation astronomique et ciel nocturne sur le plateau tibétain : pollution lumineuse quasi nulle et astrotourisme
Le plateau tibétain est l’un des rares endroits au monde où la pollution lumineuse reste quasi inexistante sur de vastes zones. À plus de 4 000 m d’altitude, l’atmosphère plus fine et sèche offre un ciel nocturne d’une limpidité exceptionnelle. Des relevés récents d’organismes spécialisés montrent que certaines régions de l’ouest du Tibet atteignent un niveau de noirceur proche des meilleures zones d’Atacama ou de Namibie. Pour un amateur d’astronomie ou de photographie de ciel étoilé, peu de destinations rivalisent.
Ce potentiel a vu émerger un début d’astrotourisme : quelques lodges et camps offrent des observations guidées, parfois accompagnées de télescopes. Photographier la Voie lactée au-dessus de monastères ou de lacs comme Namtso crée un contraste puissant entre cosmos et spiritualité tibétaine. Pour tirer parti de ces conditions, mieux vaut viser les périodes proches de la nouvelle lune et vérifier la couverture nuageuse saisonnière : le plateau peut être très clair en automne, plus capricieux pendant la mousson estivale.
Gorges, canyons et vallées encaissées : gorge du saut du tigre, fleuve yangtsé et mékong supérieur
Les grandes vallées encaissées de Chine illustrent la puissance des fleuves qui traversent le pays. La gorge du Saut du Tigre, au Yunnan, est l’une des plus profondes du monde : le Jinsha Jiang (haut Yangtsé) y coule à plus de 3 000 mètres en contrebas des sommets enneigés du Haba et du Yulong Xue Shan. Les sentiers de randonnée « high trail » et « middle trail » offrent des vues vertigineuses sur ce canyon spectaculaire. La topographie impose des dénivelés parfois importants, mais la plupart des tronçons restent abordables pour un marcheur en bonne santé, à condition de porter de bonnes chaussures et de prévoir assez d’eau.
Plus en aval, les Trois Gorges du Yangtsé – Qutang, Wu et Xiling – proposent un relief différent, avec des falaises calcaires plus arrondies, mais tout aussi impressionnantes. Les croisières sur le Yangtsé permettent d’observer la façon dont le fleuve a été profondément transformé par le barrage des Trois Gorges, l’une des plus grandes infrastructures hydroélectriques au monde. Sur le Mékong supérieur, dans les régions frontalières du Yunnan, des gorges plus sauvages alternent avec des vallées agricoles en terrasses, offrant un contraste saisissant entre nature brute et paysages culturaux façonnés par l’homme.
Déserts, dunes et reliefs arides : désert de gobi, dunes de badain jaran, danxia de zhangye et yardangs de dunhuang
Erg et mégadunes de badain jaran (Mongolie-Intérieure) : dunes géantes, lacs intra-dunaires et trekking saharien
Le désert de Badain Jaran, en Mongolie-Intérieure, abrite certaines des plus hautes dunes du monde, certaines dépassant 450 mètres. Ce paysage d’erg, d’apparence saharienne, est parsemé d’une centaine de lacs intra-dunaires, alimentés par des nappes souterraines. Cette coexistence entre dunes géantes et plans d’eau permanents crée un contraste visuel saisissant. Des mesures récentes indiquent des amplitudes thermiques pouvant dépasser 35 °C entre le jour et la nuit, ce qui renforce l’impression d’extrême.
Pour vous, la découverte de Badain Jaran passe souvent par des véhicules tout-terrain combinés à des marches sur les crêtes sablonneuses. Les conditions exigent une préparation sérieuse : protection solaire maximale, réserve d’eau suffisante, équipement coupe-vent. Un trek de plusieurs jours avec nuit sous tente permet de ressentir pleinement le silence et la grandeur de ce désert, mais implique de passer par une agence locale expérimentée, tant l’orientation y est délicate.
Paysages colorés du parc géologique de zhangye danxia (gansu) : strates multicolores et plateaux d’observation
Le géoparc de Zhangye Danxia, dans le Gansu, est célèbre pour ses montagnes « arc-en-ciel ». Les strates de grès rouge, jaune, orange et parfois bleu ou vert résultent de dépôts sédimentaires riches en oxydes de fer et en minéraux variés, compressés puis érodés au fil du temps. Les couleurs sont particulièrement intenses après la pluie ou au coucher du soleil, lorsque la lumière rasante accentue les contrastes. Des études géologiques estiment l’âge de ces couches à plus de 24 millions d’années.
Le site se visite par un réseau de navettes internes qui desservent plusieurs plateformes d’observation. L’itinéraire classique peut se faire en deux à trois heures, mais un amateur de photographie y restera facilement une demi-journée pour saisir les variations de lumière. Un conseil utile consiste à vérifier les prévisions météo : une fine couche de nuages peut suffire à atténuer les teintes, alors qu’un ciel alternant éclaircies et ombres crée un relief bien plus dramatique sur les pentes colorées.
Reliefs éoliens de dunhuang et du désert de gobi : dunes de mingsha shan et croissant de lune de yueyaquan
Aux abords de Dunhuang, les dunes de Mingsha Shan (« dunes des sables chantants ») représentent une vitrine plus accessible du désert de Gobi. Le phénomène de « sable chantant », lié au glissement de grains de taille homogène sur une pente suffisante, produit un grondement sourd lorsque de grandes quantités de sable se mettent en mouvement. Nichée au pied des dunes, l’oasis de Yueyaquan forme un petit lac en croissant de lune, entouré d’un temple traditionnel, créant un tableau presque irréel.
Ce secteur illustre bien les tensions entre tourisme de masse et conservation. Activités de quad, balades à dos de chameau, parapente et luges sur sable génèrent des flux constants de visiteurs, mais dégradent potentiellement la stabilité des pentes. Pour une expérience plus authentique, monter à pied sur les crêtes en fin de journée, lorsque la température baisse et que la lumière devient dorée, permet une immersion plus silencieuse dans ce paysage dunaire.
Morphologie en yardangs dans le bassin du qaidam : formations sculptées par le vent et routes panoramiques
Les yardangs du bassin du Qaidam, au Qinghai, sont des reliefs éoliens étonnants : bourrelets rocheux allongés, sculptés par le vent dominant, souvent alignés comme des flottes de navires minéraux. Ces formes se développent dans des sédiments meubles partiellement consolidés, où l’érosion différentielle creuse des sillons et laisse en relief les matériaux les plus résistants. Certaines zones sont si denses en yardangs qu’elles créent de véritables « forêts de pierre » horizontales.
Des routes panoramiques récentes traversent ces paysages, offrant des points d’arrêt sécurisés pour les voyageurs. Toutefois, sortir des pistes balisées reste dangereux : le sol peut être instable, et les distances trompeuses dans cet environnement monotone. Visuellement, les jeux d’ombre et de lumière au lever ou au coucher du soleil renforcent la tridimensionnalité de ces sculptures naturelles, ce qui en fait des sujets très recherchés pour les photographies de désert et de géomorphologie.
Rivières, lacs et zones humides d’exception : lac qinghai, trois gorges du yangtsé et zones ramsar
Le lac Qinghai, plus grand lac salé de Chine, occupe une vaste dépression sur le plateau nord-est tibétain, à plus de 3 000 m d’altitude. Sa surface varie autour de 4 300 km² selon les précipitations et l’évaporation annuelle. Ce plan d’eau joue un rôle majeur pour les oiseaux migrateurs : plus d’une centaine d’espèces y font halte, avec des effectifs qui peuvent dépasser plusieurs centaines de milliers d’individus en période de migration. Pour vous, l’intérêt réside autant dans la beauté des rivages – champs de colza en fleurs, prairies, montagnes lointaines – que dans l’observation ornithologique.
Sur le Yangtsé, les Trois Gorges ont été fortement remodelées par le barrage du même nom, mais continuent d’offrir des paysages fluviaux remarquables. Des croisières de plusieurs jours permettent de comprendre l’échelle du fleuve, dont le bassin versant couvre près de 1,8 million de km². En parallèle, la Chine a inscrit de nombreuses zones humides sur la liste Ramsar, reconnaissant leur importance internationale. Des marais côtiers aux deltas fluviaux, ces milieux assurent des services écosystémiques essentiels : filtration de l’eau, atténuation des crues, nurseries pour poissons.
Pour préparer un itinéraire centré sur ces rivières et lacs spectaculaires, une approche thématique peut être utile : combiner par exemple observation des oiseaux au lac Qinghai, croisière dans les gorges du Yangtsé et découverte d’une zone humide littorale plus à l’est. Cette logique de « corridor écologique » permet de saisir comment les eaux relient des milieux très différents, du plateau aride aux plaines densément peuplées, tout en structurant une grande partie de la vie et des paysages de la Chine contemporaine.